Sur cette page vous trouverez les dialectes des régions et des lieux que deux types de classification: classification traditionnelle de Louis Bonaparte Loucien classement Zuazo Koldo actuelle. En cliquant sur chacune d’elles, peuvent trouver la description du dialecte et les villes qui lui appartiennent.
Guipuzcoan
Arturo Campión, à partir de la carte établie par le prince Bonaparte, inclut l´euskara de Burunda (Ziordia, Olazagutía, Alsasua, Urdiain, Iturmendi et Bakaiku), Etxarri-Aranatz et Ergoiena (Lizarraga, Torrano, Unanua) dans une même variante qu´il dénomme "guipuzcoan de Navarre", alors que le haut-navarrais septentrional commence à partir de Arbizu.
Cependant, bien que l´étiquette "guipuzcoan de Navarre" intègre tous ces villages, il existe une limite dialectale très claire entre Etxarri et Bakaiku, c´est à dire entre l´ancienne terre d´Arañaz (Etxarri et Ergoiena) et Burunda.
L´étiquette même, outre le fait qu´elle inclue des parlers hétérogènes, n´est peut-être pas la plus appropriée : l´introduction de ces variantes dans le guipuzcoan est très discutable, et tous les auteurs ne partagent pas cette opton. D. de Intza se montre particulièrement en désaccord dans "Burundako´ko Euskalkia", Euskera III (1922), 3-42, que nous traduisons ici :
"Dans le sillage de L.L. Bonaparte Monsieur Campion écrivit dans sa Grammaire : En Navarre le dialecte guipuzcoan est parlé dans les villages suivants : à Ziordia, Olazagutía, Alsasua, Urdiain, Iturmendi, Bacaicoa, Lizarragabengoa, Echarri-Aranaz, Unanua et Torrano.
Mais le dialecte basque que nous allons maintenant présenter n´est pas du Guipuzcoa, et il ne s´agit pas non plus d´une variante présentant des similitudes.
Supposant qu´étant du Guipuzcoa, il ait pénétré par les villages voisins, je me suis rendu à Ortzaurte et dans le quartier qu´ils appellent Urtsaran à Segura, le plus proche de la frontière avec la Navarre. Dans ces deux endroits, j´ai rencontré des parlers assez semblables, mais très différents du dialecte burundais dans presque toutes ses formes."
Sur le plan de la vitalité de la langue, il existe également de grandes différences : ce sont les trois villages de Ergoiena qui conservent le basque le plus vivace, avec des pourcentages de bascophones proches de 100 %. A Etxarri-Aranatz, le pourcentage de bascophones baisse beaucoup (certaines sources parlent de moins de 50 %). A Burunda, dans les trois villages les plus occidentaux -Ziordia, Olazagutía et Alsasua-, l´euskara a disparu ou est en voie de disparition. La situation est également critique à Iturmendi. A Bakaiku, la situation est un peu meilleure, mais préoccupante car la langue ne demeure plus que dans la mémoire des anciens. Au milieu de ce panorama, se détache pourtant Urdiain qui, bien qu´entouré de villages complètement romans, a conservé l´euskara jusqu´à ce jour, et actuellement avec une étonnante vitalité.
Qui souhaite développer ces informations, dispose d´une description détaillée du parler de Etxarri-Aranatz et Ergoiena dans "Etxarri Aranazko Euskara eta Arañaz Elkarteko Hiztegia" (L´euskara de Etxarri-Aranaz et le vocabulaire de la Communauté d´Arañaz), de Rafael Carasatorre, Jose Luis Erdozia et Eugenio Ulaiar. En ce qui concerne Burunda, consulter Kandido Izaguirre, "Altsasuko euskeraren gai batzuk" (Quelques thèmes de l´euskara d´Altsasu) et Dámaso de Intza "Burundako´ko Euskalkia" (Le dialecte de Burunda), Euskera III (1922), 3-42.
En dehors des traits communs à l´euskara parlé en général, le guipuzcoan de Navarre se distingue de la langue standard par les caractéristiques suivantes :
morphologie (verbale, nominale), phonétique, lexique et syntaxe
MORPHOLOGIE
VERBALE
1-Au passé des verbes forts (synthétiques) apparaît le -a-: nakan, zakien, ... etc. (basque unifié : neukan, zekien... etc.):
berdiñe gertatu behar zakiyola 
2-La forme nitzen, sans -n- (basque unifié : nintzen) est caractéristique des parlers basques de Navarre (à l´exception des parlers pyrénéens, bien qu´on le trouve dans le dialecte aezcoan) :
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
3-Comme en guipuzcoan, dans l´auxiliaire intransitif la contraction de -a + -e est -a-: zan, ziran etc (basque unifié : zen, ziren etc.):
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
Les formes nitzen, giñen etc. que l´on peut entendre sont dues à l´harmonisation vocalique (voir point 33), de même qu´une certaine forme apparente zen:
4-De la même manière, les formes relatives sont du type occidental dan, dala, etc. (basque unifié : den, dela):
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
eztana gelditzen minutu batien de 
Cependant, le quantificateur général dena ("tout"), de la même origine, reste dena à Etxarri et Ergoiena (Burunda dana):
5-Le pluralisant verbal -te de la langue standard (dute) est à Etxarri-Aranatz et Burunda -(b)ie, comme à Barranca (debie, zabien, dakibie, etc):
eztakibienak mendiye errespetatzen 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
eta ez zugubien erabaitzen gauze 
iak eztebiela hondatzen iak bizi behar dien lekube 
beix e bota in dittubiela aurten 
Probablement à l´origine, il s´agit de -ie (<-ee?), et le -b- est une analogie occasionnée par une fausse coupe des formes de l´auxiliaire (debie, zabien) où il peut procéder du -u- (<*deu+ie, cf. le présent dau "a").
Cependant, à Ergoiena nous trouvons -e:
:
6-Parallèlement, pour le morphème verbal du datif -e- (zaie, die, etc.) - dans le haut-navarrais septentrional et méridional -ote-, nous trouvons -obie- à Etxarri et -oe- à Ergoiena (cf haut-navarrais septentrional 7) :
ardiyai gustatzen dakiyobielakos gehiei 
7-Le pluriel du morphème -zu (basque unifié : -zue) est -zubie à Etxarri (et aussi probablement -ie, avec -b- en adventice):
zer iruitzen dakizubie hau, zer iruitzen dakizubie beste 
8-A Ergoiena, cette terminaison est prononcée -zie (dezie, dakizie), comme dans le haut-navarrais méridional et dans certaines zones du haut-navarrais septentrional:
9-Le présent de l´auxiliaire transitif est, à Etxarri, de type guipuzcoan (det, dezu, deu, degu, dezubei, debie), mais à Ergoiena et Burunda existent aussi des formes en -o-:
Nik lan in dot behieki eta idiyeki 
10-Les flexions du verbe eduki sont en -aka- à Etxarri et Ergoiena (daka, dazka, zazkan). Mais en -uka- à Burunda:
geau bagendukatzien ikaagarrizko hiru arbola 
11-Pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), la marque du futur est très hésitante : à Etxarri et Ergoiena, on peut entendre des formes en -nko, de toute évidence récentes :
"Zu ez ba zaa trebe, al dotena nik inkoot, gizona" 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
Mais les formes en -en peuvent être entendues, parfois même, apparemment, dans des verbes ne se terminant pas en -n :
A Burunda, elles sont prononcées -ain comme dans la plupart des parlers navarrais:
12-Pour le nor-nori (basque unifié : zitzaion etc.), la racine à Etxarri et Ergoiena est -KI-, comme à Barranca (cf. haut-navarrais septentrional. 9.), y compris au présent ::
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore 
eztakitena gustetu, eztotena entendittu 
zer iruitzen dakizubie hau, zer iruitzen dakizubie beste 
ardiyai gustatzen dakiyobielakos gehiei 
nai iruditzen dakit hori biharrezkua litzekela, ezta? 
berdiñe gertatu behar zakiyola 
Cependant à Burunda on utilise les formes standards en -za- (zaio, zitzaion) ::
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
13-La forme en -rik du participe passé (-turik etc.), est d´un usage courant, mais plutôt rare dans le haut-navarrais septentrional :
14-Cependant, les formes guipuzcoanes en -ta ne sont pas inconnues et paraissent même gagner du terrain :
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
15-Parallèlement, les formes en -ikako (-ikeko, par harmonisation vocalique) sont normales face au guipuzcoan -tako/-dako:
16- Outre les traits antérieurs, qui peuvent être systématisés, dans ce dialecte on peut entendre de nombreuses flexions verbales non standardisées. La version en basque unifié éclaire, dans chaque cas, l´équivalence:
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela (litzateke) 
ta ez giñekigun (genekien)ez iak eta ez guk 
eta ez zugubien (ziguten) erabaitzen gauze 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke (hituzke) 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten (zidan) 
holaxe ibiltzen gindan (ginen) 
jendiak ibazi iten dau (du) asko 
Morkotsa esaten gendean (genion) guk 
nolabaitte ux garbitan den (dauden) 
17-Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par des flexions en -t. La forme ancienne est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais les formes doten, dotela, dakitela, etc., sont généralisées, recomposées à partir des formes libres dot, dakit, etc.:
eztakitena gustetu, eztotena entendittu 
18-A l´inverse, à Burunda apparaissent des formes libres en -da, comme à Ultzama ou dans le haut-navarrais méridional, recomposées à partir des formes liées :
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
19- Le suffixe causal -lako offre la variante -lakos:
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
NOMINALE
20- On ne distingue pas -ak de -ek au pluriel :
billera at uraitu giñuben Probintzia aldeko ta naparrak 
21-L´instrumental est -s à Etxarri et Ergoiena:
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
Cependant, à la Burunda on utilise la forme standard -z:
ta faten gindan San Pedrora oinez 
22-Le cas nondik se prononce sans -k final. De même pour le suffixe de même origine -gatik:
horreati aukeratu giñuben hori 
zengati biyek ttattarrito atzuk dian 
23-On utilise -arendako pour -arentzat
.
24-Dans tout le couloir de la Barranca, les règles morphologiques -tik>-dik et -ko>-go ont étendu leur champ d´application et opèrent après n´importe quelle consonne (et pas seulement après n ou l comme dans tous les autres dialectes) : Aizkorazargo, Ondazgo (<Ondatz), Miguezgo (<Miguetz)... etc.
25-Dans des mots comme artzain, arrain, haurtzain, etc., dans l´ensemble du dialecte, comme dans le haut-navarrais septentrional et méridional, prédominent les formes en -ai : artzai, arrai, haurtzai etc. :
Orduben artzeiek lehendabizi, ezta? 
26-La terminaison castillane -ón est conservée dans les emprunts (en basque unifié : -oi): kamiona, botona (bien que ce ne soit pas le cas dans les emprunts les plus anciens : arratoi).
27-A Burunda, les mots comportant un -a organique, au contact de l´article se transforment en -ea, tout comme en biscayen :
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
Lenoko jotia eta dantzia sanuo zan askoz e 
A Etxarri et Burunda, cette règle phonologique n´existe pas, bien que, sporadiquement, l´on puisse entendre des formes en -ea:
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
28-A Ergoiena on entend des formes associatives en -eki, qui coexistent pourtant avec le standard -ekin:
Nik lan in dot behieki eta idiyeki 
nola basuen egurretan, bi pareeki iguel, nola mendiyen egurretan 
29-Le datif pluriel est -ai:
ardiyai gustatzen dakiyobelakos gehiei 
PHONETIQUE
30-La palatalisation automatique après -i établit une issoglosse très claire entre Burunda, où elle n´existe pas, et Etxarri-Ergoiena où elle est très forte :
berdiñe gertatu behar zakiyola 
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
nei ez geo rekordatoio auskaldunik iñ, e! 
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
Cf. à Burunda:
ta faten gindan San Pedrora oinez 
31-A Etxarri et Ergoiena, dans la déclinaison, se développe entre le -i et l´article, comme dans une grande partie du guipuzcoan, un son de transition -y-: mendiya, ttikiya, herriya.
eztakibienak mendiye errespetatzen 
Gizakiyek lan gehiao, gizakiyek 
Ceci se produit aussi devant les démonstratifs :
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
A Burunda aussi on peut l´entendre :
mais avec des hésitations :
32-Après -u, se développe également dans ces mêmes villages une épenthèse -b-: burube, alube, sakristauba:
iak eztebiela hondatzen iak bizi behar dien lekube 
Bei, ni auskaldun lekuben jaiaua 
A Burunda, bien que l´on entende aussi le phénomène, il est plus sporadique et souvent ne se produit pas :
33-Dans des mots comme etxea et astoa, à Etxarri et Ergoiena le -e- se ferme en -i-:
gaurko egunien desparasitantiek 
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
A Burunda, bien qu´elle existe, cette flexion est beaucoup plus sporadique :
cf. sans flexion:
34-L´harmonisation vocalique (dirua>dirue, ogia>ogie) est très forte à Etxarri et Ergoiena, comme à Barranca, et se produit tant à l´intérieur du morphème qu´entre morphèmes :
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
Le phénomène affecte aussi des groupes où i et u sont secondaires, dérivés de e et o (voir le point 33), caractéristique inconnue en Navarre et qui rappelle certains parlers biscayens:
gaurko egunien desparasitantiek 
A Burunda également, il existe une certaine tendance à l´harmonisation, mais qui n´est pas systématique:
Oaiko gaztiek... oaiko gaztiek 
35-A la différence du haut-navarrais septentrional, l´assimilation totale des hiatus de la déclinaison (baserrin, ogik, etxek, eskuk, etc.), est rare dans le guipuzcoan de navarre, bien que l´on puisse l´entendre sporadiquement :
denboa gutxiko laister eltzik itea 
Bea beharrik gu beste pasta klase atekok gaituk 
Mais normalement, les hiatus sont conservés, facilités par les sons de transition déjà mentionnés (cf. 30 et 31):
gaurko egunien desparasitantiek 
eztana gelditzen minutu batien de 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
36-Sont caractéristiques de l´ensemble de la zone (y compris celle de Barranca) les assimilations de voyelles qui sont restées en contact après la perte d´une consonne, surtout dans la déclinaison par disparition du -r-: amaakin (<*amaekin <amarekin), Rosaritooki (<*Rosaritoeki<Rosaritoreki), katubaana (<*katubaena<katubarena), goldaaki (<*goldaeki <goldarekin, golda "charrue"). D´après ce que l´on peut voir, c´est la voyelle la plus antérieure qui prédomine.
37-Ceci produit une grande quantité de voyelles longues (doubles ?) :
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
A Ergoiena, ceci se produit aussi à l´intérieur des mots : ataa "sortir"<atea<atera; paatea "mur" <paetea <paretea; abaatsa "riche" <abeatsa<aberatsa... etc. Mais pas à Etxarri: atia "sortir" (<atea<atera); abiatsa "riche" (<abeatsa < aberatsa).
38-Il existe des traces d´aphérèse (perte de la première voyelle) dans les verbes :
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
39--Plus fréquente est la perte de la dernière voyelle du participe devant l´auxiliaire ou devant behar ou nahi (apocope):
Eman zuuten zaplasteko at , Hara! Zeruko izarrak eta guzi ikus nittuna, e!! 
40-A Etxarri-Ergoiena la diphtongue -ai- tend à évoluer vers ei, comme à Barranca:
Orduben artzeiek lehendabizi, ezta? 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
Bigarrena de bei, eta artue de bei, eta erremolatxa de bei 
41-A Burunda se produit un changement inverse : ei>ai.
42-La diphtongue eu tend, dans l´ensemble du guipuzcoan de Navarre, à passer au au, comme à Ultzama:
nei ez geo rekordatoio auskaldunik iñ, e! 
Goaiko auskerooi eztot entenditzen! 
jendiak ibazi iten dau [<deu] asko 
43-On trouve trace d´une ancienne confusion r/d, bien qu´aujourd´hui elle ne semble plus se produire. La variante de pour re (ere après une voyelle: ni re bai, ni de bei) est générale, comme à Barranca :
44-Dans des mots comme joan, jarri, jasa, jende etc., dans ce dialecte, le son initial est prononcé j:
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
LEXIQUE
45-Le guipuzcoan de Navarre est un dialecte très caractérisé dans tous ses aspects, et aussi du point du vue lexical. Les mots, variantes, et acceptions propres à ces parlers sont légion : udx "eau" (dx dénote une palatale sonore affriquée qui existe seulement dans ces mots) ; itzoo ou itzoi, "monter (probablement de *itzoge; cf. méridional itzego "chevaucher; itzoo s´utilise aussi à Barranca); erabai "décider"; ebai "couper"; urai "avoir" (ces mots montrent bien que le morphème verbal -ki (erabaki, ebaki, eduki) est ici -gi, comme en biscayen); ezan "être" (uniquement à Ergoiena); bekala "comme" (uniquement à Ergoiena); buruzagi "chef" (albinte est également courant); intxor "noix", arrontz "oeuf"; raso/arraso "complètement" (autres dialectes : arras); apiz "curé" (uniquement à Burunda ; Etxarri et Ergoiena apez); et finalement des expressions comme eltzik itea fan "se mourir" (littéralement : s´en aller faire des marmites) :
eta ez zugubien erabaitzen gauze 
ba gehio estudio in be, gehio arduraik urai be 
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore denboa gutxiko laister eltzik itea 
46-Sont également abondants les termes et variantes qui, sans être propres au dialecte, sont très communs dans les parlers navarrais : goartu "se rendre compte"; Probintzia "Guipuzcoa"; baia "mais"; fan "aller"; orai "maintenant" (A Etxarri et Ergoiena prononcé goai, à Burunda oai ; iyor, iyora, etc. "personne, nulle part, etc." (les quatre dernières variantes se retrouvent curieusement dans le salazarien et l´aezcoan) ; oldio "mousse"; bage "sans"(prononcé bee à Etxarri et bai à Ergoiena et Burunda); beix "en revanche, à nouveau"; trebe izan "s´aventurer, être capable" (cf. castillan atreverse); gizaki "homme" (terme marqué face à emakume); irruti "loin"; saldo "troupeau":
billera at uraitu giñuben Probintzia aldeko ta naparrak 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
primera komuniyua ein eta kasik goai bittartien 
Oaiko gaztiek... oaiko gaztiek 
erreketan ioten dien oldiyo ta belarrak 
ba gehio estudio in be, gehio arduraik urai be 
beix e bota in dittubiela aurten 
"Zu ez ba zaa trebe, al dotena nik inkoot, gizona" 
Gizakiyek lan gehiao, gizakiyek 
47-Comme dans l´ensemble de l´euskara parlé, les emprunts au castillan sont fréquents. Parfois, ils sont très généralisés et répandus (entendittu), parfois, ils semblent être sporadiques (pas employés habituellement): preguntatu. L´usage du terme tia "tante" comme substantif isolé est curieux, tandis que izu "tante" sera utilisé devant un nom propre (izu Petra):
Tia, bea zu, ordia, auskaldune za 
Hala esan zien izu Petrak. Bei. 
Goaiko auskerooi eztot entenditzen! 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
Il est également fréquent d´intercaler dans une phrase basque des expressions en castillan, et d´utiliser parfois les nombres en castillan :
zengatik gue aitta izan da toda la vida izutiye basuen da ibiltzeko 
SYNTAXE
48-Le relatif restrictif en -n fonctionne librement pour expliquer toutes sortes de relations grammaticales, y compris dans des cas non usuels dans la langue écrite :
Eman zuuten zaplasteko at , Hara! Zeruko izarrak eta guzi ikus nittuna, e!! 
49-La conjonction causale zer(en)gati, est commune à toute la zone, seule ou bien combinée avec -n dans la forme verbale :
zengatik gue aitta ezan da toda la vida izutiye basuen da ibiltzeko 
zengati biyek ttattarrito atzuk dian 
50-Nolabaitte (avec -n dans la forme verbale) est une conjonction exclusive, en usage, pour le moins, à Etxarri :
Ta nolabaitte hemen Sakanan eztien nolanahi ikusten 
51-L´ordre des mots est beaucoup plus libre que dans la langue standard. Des phrases qui seraient agrammaticales dans la langue standard, par exemple avec des formes synthétiques sans suffixe en tout début, apparaissent tout à fait normales ici :
Guipuzcoan
Arturo Campión, à partir de la carte établie par le prince Bonaparte, inclut l´euskara de Burunda (Ziordia, Olazagutía, Alsasua, Urdiain, Iturmendi et Bakaiku), Etxarri-Aranatz et Ergoiena (Lizarraga, Torrano, Unanua) dans une même variante qu´il dénomme "guipuzcoan de Navarre", alors que le haut-navarrais septentrional commence à partir de Arbizu.
Cependant, bien que l´étiquette "guipuzcoan de Navarre" intègre tous ces villages, il existe une limite dialectale très claire entre Etxarri et Bakaiku, c´est à dire entre l´ancienne terre d´Arañaz (Etxarri et Ergoiena) et Burunda.
L´étiquette même, outre le fait qu´elle inclue des parlers hétérogènes, n´est peut-être pas la plus appropriée : l´introduction de ces variantes dans le guipuzcoan est très discutable, et tous les auteurs ne partagent pas cette opton. D. de Intza se montre particulièrement en désaccord dans "Burundako´ko Euskalkia", Euskera III (1922), 3-42, que nous traduisons ici :
"Dans le sillage de L.L. Bonaparte Monsieur Campion écrivit dans sa Grammaire : En Navarre le dialecte guipuzcoan est parlé dans les villages suivants : à Ziordia, Olazagutía, Alsasua, Urdiain, Iturmendi, Bacaicoa, Lizarragabengoa, Echarri-Aranaz, Unanua et Torrano.
Mais le dialecte basque que nous allons maintenant présenter n´est pas du Guipuzcoa, et il ne s´agit pas non plus d´une variante présentant des similitudes.
Supposant qu´étant du Guipuzcoa, il ait pénétré par les villages voisins, je me suis rendu à Ortzaurte et dans le quartier qu´ils appellent Urtsaran à Segura, le plus proche de la frontière avec la Navarre. Dans ces deux endroits, j´ai rencontré des parlers assez semblables, mais très différents du dialecte burundais dans presque toutes ses formes."
Sur le plan de la vitalité de la langue, il existe également de grandes différences : ce sont les trois villages de Ergoiena qui conservent le basque le plus vivace, avec des pourcentages de bascophones proches de 100 %. A Etxarri-Aranatz, le pourcentage de bascophones baisse beaucoup (certaines sources parlent de moins de 50 %). A Burunda, dans les trois villages les plus occidentaux -Ziordia, Olazagutía et Alsasua-, l´euskara a disparu ou est en voie de disparition. La situation est également critique à Iturmendi. A Bakaiku, la situation est un peu meilleure, mais préoccupante car la langue ne demeure plus que dans la mémoire des anciens. Au milieu de ce panorama, se détache pourtant Urdiain qui, bien qu´entouré de villages complètement romans, a conservé l´euskara jusqu´à ce jour, et actuellement avec une étonnante vitalité.
Qui souhaite développer ces informations, dispose d´une description détaillée du parler de Etxarri-Aranatz et Ergoiena dans "Etxarri Aranazko Euskara eta Arañaz Elkarteko Hiztegia" (L´euskara de Etxarri-Aranaz et le vocabulaire de la Communauté d´Arañaz), de Rafael Carasatorre, Jose Luis Erdozia et Eugenio Ulaiar. En ce qui concerne Burunda, consulter Kandido Izaguirre, "Altsasuko euskeraren gai batzuk" (Quelques thèmes de l´euskara d´Altsasu) et Dámaso de Intza "Burundako´ko Euskalkia" (Le dialecte de Burunda), Euskera III (1922), 3-42.
En dehors des traits communs à l´euskara parlé en général, le guipuzcoan de Navarre se distingue de la langue standard par les caractéristiques suivantes :
morphologie (verbale, nominale), phonétique, lexique et syntaxe
MORPHOLOGIE
VERBALE
1-Au passé des verbes forts (synthétiques) apparaît le -a-: nakan, zakien, ... etc. (basque unifié : neukan, zekien... etc.):
berdiñe gertatu behar zakiyola 
2-La forme nitzen, sans -n- (basque unifié : nintzen) est caractéristique des parlers basques de Navarre (à l´exception des parlers pyrénéens, bien qu´on le trouve dans le dialecte aezcoan) :
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
3-Comme en guipuzcoan, dans l´auxiliaire intransitif la contraction de -a + -e est -a-: zan, ziran etc (basque unifié : zen, ziren etc.):
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
Les formes nitzen, giñen etc. que l´on peut entendre sont dues à l´harmonisation vocalique (voir point 33), de même qu´une certaine forme apparente zen:
4-De la même manière, les formes relatives sont du type occidental dan, dala, etc. (basque unifié : den, dela):
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
eztana gelditzen minutu batien de 
Cependant, le quantificateur général dena ("tout"), de la même origine, reste dena à Etxarri et Ergoiena (Burunda dana):
5-Le pluralisant verbal -te de la langue standard (dute) est à Etxarri-Aranatz et Burunda -(b)ie, comme à Barranca (debie, zabien, dakibie, etc):
eztakibienak mendiye errespetatzen 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
eta ez zugubien erabaitzen gauze 
iak eztebiela hondatzen iak bizi behar dien lekube 
beix e bota in dittubiela aurten 
Probablement à l´origine, il s´agit de -ie (<-ee?), et le -b- est une analogie occasionnée par une fausse coupe des formes de l´auxiliaire (debie, zabien) où il peut procéder du -u- (<*deu+ie, cf. le présent dau "a").
Cependant, à Ergoiena nous trouvons -e:
:
6-Parallèlement, pour le morphème verbal du datif -e- (zaie, die, etc.) - dans le haut-navarrais septentrional et méridional -ote-, nous trouvons -obie- à Etxarri et -oe- à Ergoiena (cf haut-navarrais septentrional 7) :
ardiyai gustatzen dakiyobielakos gehiei 
7-Le pluriel du morphème -zu (basque unifié : -zue) est -zubie à Etxarri (et aussi probablement -ie, avec -b- en adventice):
zer iruitzen dakizubie hau, zer iruitzen dakizubie beste 
8-A Ergoiena, cette terminaison est prononcée -zie (dezie, dakizie), comme dans le haut-navarrais méridional et dans certaines zones du haut-navarrais septentrional:
9-Le présent de l´auxiliaire transitif est, à Etxarri, de type guipuzcoan (det, dezu, deu, degu, dezubei, debie), mais à Ergoiena et Burunda existent aussi des formes en -o-:
Nik lan in dot behieki eta idiyeki 
10-Les flexions du verbe eduki sont en -aka- à Etxarri et Ergoiena (daka, dazka, zazkan). Mais en -uka- à Burunda:
geau bagendukatzien ikaagarrizko hiru arbola 
11-Pour les verbes se terminant en -n (edan, egon, izan etc), la marque du futur est très hésitante : à Etxarri et Ergoiena, on peut entendre des formes en -nko, de toute évidence récentes :
"Zu ez ba zaa trebe, al dotena nik inkoot, gizona" 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
Mais les formes en -en peuvent être entendues, parfois même, apparemment, dans des verbes ne se terminant pas en -n :
A Burunda, elles sont prononcées -ain comme dans la plupart des parlers navarrais:
12-Pour le nor-nori (basque unifié : zitzaion etc.), la racine à Etxarri et Ergoiena est -KI-, comme à Barranca (cf. haut-navarrais septentrional. 9.), y compris au présent ::
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore 
eztakitena gustetu, eztotena entendittu 
zer iruitzen dakizubie hau, zer iruitzen dakizubie beste 
ardiyai gustatzen dakiyobielakos gehiei 
nai iruditzen dakit hori biharrezkua litzekela, ezta? 
berdiñe gertatu behar zakiyola 
Cependant à Burunda on utilise les formes standards en -za- (zaio, zitzaion) ::
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
13-La forme en -rik du participe passé (-turik etc.), est d´un usage courant, mais plutôt rare dans le haut-navarrais septentrional :
14-Cependant, les formes guipuzcoanes en -ta ne sont pas inconnues et paraissent même gagner du terrain :
hasi zan ikusita Urbasan gertatzen ai dana 
15-Parallèlement, les formes en -ikako (-ikeko, par harmonisation vocalique) sont normales face au guipuzcoan -tako/-dako:
16- Outre les traits antérieurs, qui peuvent être systématisés, dans ce dialecte on peut entendre de nombreuses flexions verbales non standardisées. La version en basque unifié éclaire, dans chaque cas, l´équivalence:
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela (litzateke) 
ta ez giñekigun (genekien)ez iak eta ez guk 
eta ez zugubien (ziguten) erabaitzen gauze 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke (hituzke) 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten (zidan) 
holaxe ibiltzen gindan (ginen) 
jendiak ibazi iten dau (du) asko 
Morkotsa esaten gendean (genion) guk 
nolabaitte ux garbitan den (dauden) 
17-Une innovation morphologique récente, mais commune à de nombreux dialectes basques, est la réfection analogique des formes relatives par des flexions en -t. La forme ancienne est -dan, -dala (dudan, dudala, zaidala, etc.), mais les formes doten, dotela, dakitela, etc., sont généralisées, recomposées à partir des formes libres dot, dakit, etc.:
eztakitena gustetu, eztotena entendittu 
18-A l´inverse, à Burunda apparaissent des formes libres en -da, comme à Ultzama ou dans le haut-navarrais méridional, recomposées à partir des formes liées :
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
19- Le suffixe causal -lako offre la variante -lakos:
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
NOMINALE
20- On ne distingue pas -ak de -ek au pluriel :
billera at uraitu giñuben Probintzia aldeko ta naparrak 
21-L´instrumental est -s à Etxarri et Ergoiena:
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
Cependant, à la Burunda on utilise la forme standard -z:
ta faten gindan San Pedrora oinez 
22-Le cas nondik se prononce sans -k final. De même pour le suffixe de même origine -gatik:
horreati aukeratu giñuben hori 
zengati biyek ttattarrito atzuk dian 
23-On utilise -arendako pour -arentzat
.
24-Dans tout le couloir de la Barranca, les règles morphologiques -tik>-dik et -ko>-go ont étendu leur champ d´application et opèrent après n´importe quelle consonne (et pas seulement après n ou l comme dans tous les autres dialectes) : Aizkorazargo, Ondazgo (<Ondatz), Miguezgo (<Miguetz)... etc.
25-Dans des mots comme artzain, arrain, haurtzain, etc., dans l´ensemble du dialecte, comme dans le haut-navarrais septentrional et méridional, prédominent les formes en -ai : artzai, arrai, haurtzai etc. :
Orduben artzeiek lehendabizi, ezta? 
26-La terminaison castillane -ón est conservée dans les emprunts (en basque unifié : -oi): kamiona, botona (bien que ce ne soit pas le cas dans les emprunts les plus anciens : arratoi).
27-A Burunda, les mots comportant un -a organique, au contact de l´article se transforment en -ea, tout comme en biscayen :
Asko gustatu zaira nei dantzia, asko 
Lenoko jotia eta dantzia sanuo zan askoz e 
A Etxarri et Burunda, cette règle phonologique n´existe pas, bien que, sporadiquement, l´on puisse entendre des formes en -ea:
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
28-A Ergoiena on entend des formes associatives en -eki, qui coexistent pourtant avec le standard -ekin:
Nik lan in dot behieki eta idiyeki 
nola basuen egurretan, bi pareeki iguel, nola mendiyen egurretan 
29-Le datif pluriel est -ai:
ardiyai gustatzen dakiyobelakos gehiei 
PHONETIQUE
30-La palatalisation automatique après -i établit une issoglosse très claire entre Burunda, où elle n´existe pas, et Etxarri-Ergoiena où elle est très forte :
berdiñe gertatu behar zakiyola 
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
nei ez geo rekordatoio auskaldunik iñ, e! 
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
Cf. à Burunda:
ta faten gindan San Pedrora oinez 
31-A Etxarri et Ergoiena, dans la déclinaison, se développe entre le -i et l´article, comme dans une grande partie du guipuzcoan, un son de transition -y-: mendiya, ttikiya, herriya.
eztakibienak mendiye errespetatzen 
Gizakiyek lan gehiao, gizakiyek 
Ceci se produit aussi devant les démonstratifs :
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
A Burunda aussi on peut l´entendre :
mais avec des hésitations :
32-Après -u, se développe également dans ces mêmes villages une épenthèse -b-: burube, alube, sakristauba:
iak eztebiela hondatzen iak bizi behar dien lekube 
Bei, ni auskaldun lekuben jaiaua 
A Burunda, bien que l´on entende aussi le phénomène, il est plus sporadique et souvent ne se produit pas :
33-Dans des mots comme etxea et astoa, à Etxarri et Ergoiena le -e- se ferme en -i-:
gaurko egunien desparasitantiek 
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
eztakibielakos mendiko girue nola dan da errespetatzen 
A Burunda, bien qu´elle existe, cette flexion est beaucoup plus sporadique :
cf. sans flexion:
34-L´harmonisation vocalique (dirua>dirue, ogia>ogie) est très forte à Etxarri et Ergoiena, comme à Barranca, et se produit tant à l´intérieur du morphème qu´entre morphèmes :
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
Le phénomène affecte aussi des groupes où i et u sont secondaires, dérivés de e et o (voir le point 33), caractéristique inconnue en Navarre et qui rappelle certains parlers biscayens:
gaurko egunien desparasitantiek 
A Burunda également, il existe une certaine tendance à l´harmonisation, mais qui n´est pas systématique:
Oaiko gaztiek... oaiko gaztiek 
35-A la différence du haut-navarrais septentrional, l´assimilation totale des hiatus de la déclinaison (baserrin, ogik, etxek, eskuk, etc.), est rare dans le guipuzcoan de navarre, bien que l´on puisse l´entendre sporadiquement :
denboa gutxiko laister eltzik itea 
Bea beharrik gu beste pasta klase atekok gaituk 
Mais normalement, les hiatus sont conservés, facilités par les sons de transition déjà mentionnés (cf. 30 et 31):
gaurko egunien desparasitantiek 
eztana gelditzen minutu batien de 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
36-Sont caractéristiques de l´ensemble de la zone (y compris celle de Barranca) les assimilations de voyelles qui sont restées en contact après la perte d´une consonne, surtout dans la déclinaison par disparition du -r-: amaakin (<*amaekin <amarekin), Rosaritooki (<*Rosaritoeki<Rosaritoreki), katubaana (<*katubaena<katubarena), goldaaki (<*goldaeki <goldarekin, golda "charrue"). D´après ce que l´on peut voir, c´est la voyelle la plus antérieure qui prédomine.
37-Ceci produit une grande quantité de voyelles longues (doubles ?) :
eta aitte galduko ote nitzen bildurraaki garraxis 
A Ergoiena, ceci se produit aussi à l´intérieur des mots : ataa "sortir"<atea<atera; paatea "mur" <paetea <paretea; abaatsa "riche" <abeatsa<aberatsa... etc. Mais pas à Etxarri: atia "sortir" (<atea<atera); abiatsa "riche" (<abeatsa < aberatsa).
38-Il existe des traces d´aphérèse (perte de la première voyelle) dans les verbes :
kus giñuben interesgarriye izengo litzekela 
39--Plus fréquente est la perte de la dernière voyelle du participe devant l´auxiliaire ou devant behar ou nahi (apocope):
Eman zuuten zaplasteko at , Hara! Zeruko izarrak eta guzi ikus nittuna, e!! 
40-A Etxarri-Ergoiena la diphtongue -ai- tend à évoluer vers ei, comme à Barranca:
Orduben artzeiek lehendabizi, ezta? 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
Bigarrena de bei, eta artue de bei, eta erremolatxa de bei 
41-A Burunda se produit un changement inverse : ei>ai.
42-La diphtongue eu tend, dans l´ensemble du guipuzcoan de Navarre, à passer au au, comme à Ultzama:
nei ez geo rekordatoio auskaldunik iñ, e! 
Goaiko auskerooi eztot entenditzen! 
jendiak ibazi iten dau [<deu] asko 
43-On trouve trace d´une ancienne confusion r/d, bien qu´aujourd´hui elle ne semble plus se produire. La variante de pour re (ere après une voyelle: ni re bai, ni de bei) est générale, comme à Barranca :
44-Dans des mots comme joan, jarri, jasa, jende etc., dans ce dialecte, le son initial est prononcé j:
mendiyoiten alleatzien jende arrotzok 
alkar jokan aspaldiyen ionko uzkeke 
LEXIQUE
45-Le guipuzcoan de Navarre est un dialecte très caractérisé dans tous ses aspects, et aussi du point du vue lexical. Les mots, variantes, et acceptions propres à ces parlers sont légion : udx "eau" (dx dénote une palatale sonore affriquée qui existe seulement dans ces mots) ; itzoo ou itzoi, "monter (probablement de *itzoge; cf. méridional itzego "chevaucher; itzoo s´utilise aussi à Barranca); erabai "décider"; ebai "couper"; urai "avoir" (ces mots montrent bien que le morphème verbal -ki (erabaki, ebaki, eduki) est ici -gi, comme en biscayen); ezan "être" (uniquement à Ergoiena); bekala "comme" (uniquement à Ergoiena); buruzagi "chef" (albinte est également courant); intxor "noix", arrontz "oeuf"; raso/arraso "complètement" (autres dialectes : arras); apiz "curé" (uniquement à Burunda ; Etxarri et Ergoiena apez); et finalement des expressions comme eltzik itea fan "se mourir" (littéralement : s´en aller faire des marmites) :
eta ez zugubien erabaitzen gauze 
ba gehio estudio in be, gehio arduraik urai be 
buruzagie esaten dakiyok, oai aguazilla esaten diore denboa gutxiko laister eltzik itea 
46-Sont également abondants les termes et variantes qui, sans être propres au dialecte, sont très communs dans les parlers navarrais : goartu "se rendre compte"; Probintzia "Guipuzcoa"; baia "mais"; fan "aller"; orai "maintenant" (A Etxarri et Ergoiena prononcé goai, à Burunda oai ; iyor, iyora, etc. "personne, nulle part, etc." (les quatre dernières variantes se retrouvent curieusement dans le salazarien et l´aezcoan) ; oldio "mousse"; bage "sans"(prononcé bee à Etxarri et bai à Ergoiena et Burunda); beix "en revanche, à nouveau"; trebe izan "s´aventurer, être capable" (cf. castillan atreverse); gizaki "homme" (terme marqué face à emakume); irruti "loin"; saldo "troupeau":
billera at uraitu giñuben Probintzia aldeko ta naparrak 
beie behar ttu kondizio batzuk urtzeko ta 
primera komuniyua ein eta kasik goai bittartien 
Oaiko gaztiek... oaiko gaztiek 
erreketan ioten dien oldiyo ta belarrak 
ba gehio estudio in be, gehio arduraik urai be 
beix e bota in dittubiela aurten 
"Zu ez ba zaa trebe, al dotena nik inkoot, gizona" 
Gizakiyek lan gehiao, gizakiyek 
47-Comme dans l´ensemble de l´euskara parlé, les emprunts au castillan sont fréquents. Parfois, ils sont très généralisés et répandus (entendittu), parfois, ils semblent être sporadiques (pas employés habituellement): preguntatu. L´usage du terme tia "tante" comme substantif isolé est curieux, tandis que izu "tante" sera utilisé devant un nom propre (izu Petra):
Tia, bea zu, ordia, auskaldune za 
Hala esan zien izu Petrak. Bei. 
Goaiko auskerooi eztot entenditzen! 
Eta dotriñea, klaro, preguntatu in zuuten 
Il est également fréquent d´intercaler dans une phrase basque des expressions en castillan, et d´utiliser parfois les nombres en castillan :
zengatik gue aitta izan da toda la vida izutiye basuen da ibiltzeko 
SYNTAXE
48-Le relatif restrictif en -n fonctionne librement pour expliquer toutes sortes de relations grammaticales, y compris dans des cas non usuels dans la langue écrite :
Eman zuuten zaplasteko at , Hara! Zeruko izarrak eta guzi ikus nittuna, e!! 
49-La conjonction causale zer(en)gati, est commune à toute la zone, seule ou bien combinée avec -n dans la forme verbale :
zengatik gue aitta ezan da toda la vida izutiye basuen da ibiltzeko 
zengati biyek ttattarrito atzuk dian 
50-Nolabaitte (avec -n dans la forme verbale) est une conjonction exclusive, en usage, pour le moins, à Etxarri :
Ta nolabaitte hemen Sakanan eztien nolanahi ikusten 
51-L´ordre des mots est beaucoup plus libre que dans la langue standard. Des phrases qui seraient agrammaticales dans la langue standard, par exemple avec des formes synthétiques sans suffixe en tout début, apparaissent tout à fait normales ici :